Le pari du lin bio : retour sur les hivernales de l'association lin et chanvre textile bio (LCBIO)
La production de lin textile bio a doublé en 5 ans pour atteindre 1000 hectares en 2020 (dont les 2/3 en conversion). Comme pour les grandes cultures bio en général, les surfaces ont fortement augmenté et continuent leur développement : depuis 2019 elles doublent tous les ans. Néanmoins, le lin bio reste marginal en France (< 1% du lin français).
Contrairement au lin conventionnel qui a été fortement impacté par le COVID, le lin bio est très recherché. La filière est en attente de volumes pour sécuriser la production textile Global Organic Textile Standard (GOTS) : la fabrication de fil nécessite de mélanger des filasses d’années et de qualités différentes. Cette crise a d’ailleurs renforcé la volonté politique et sociale de relocalisation industrielle. Dans ce sens, pour du lin 100 % français, 3 projets de filatures françaises sont en cours, dont un situé dans les Hauts-de-France : SAFILIN a annoncé relocaliser 10 % de son activité (environ 300 tonnes) pour 2022.
Les enjeux de structuration de filière sont forts pour assurer un approvisionnement européen en volume à un prix garanti et stable pour tous les acteurs. Afin d’essayer de déconnecter le prix du lin bio du conventionnel, LCBIO travaille sur un projet de contrat tripartite dont les 4 piliers sont :
- Transparence sur la valorisation de la production
- Engagement sur une durée
- Engagement sur une quantité (surface/ filasse) fournie et achetée
- Grille tarifaire (prix indexé sur la qualité)
EXEMPLE DE CONTRAT :
- 1 groupe de liniculteurs/trices bio + 1 teillage + 1 filateur
- Durée : 3 ans
- Quantité : surface du groupe*rendement (800 kg/ha de filasse)
- Prix moyen : 4 ¤/kg de filasse (3,5 à 4,5 en fonction de la qualité)
Contacter LCBIO si vous souhaitez réfléchir à ce type de contrat avec votre teilleur
En tant que teilleur, pour pouvoir valoriser de la fibre bio, vous devez être certifié GOTS : vérification des normes sociales et environnementales (certains produits et solvants interdits, fibres biologiques). Il s’agit d’un audit annuel, à renouveler tous les ans (coût : 2000 €).
Si votre teilleur n’est pas certifié, votre lin peut être :
- Teillé sur une autre ligne certifiée GOTS (accord entre teilleurs)
- Certifié en payant un contrôle GOTS « à façon » chez votre teilleur (autorisé pour maximum deux liniculteurs)
Pour la graine, vous pouvez la valoriser vous-même si vous êtes équipé pour décapsuler au champ et trier. Certains teilleurs la récupèrent mais la valorisent rarement en bio car cette certification ne concerne que la fibre.
QUELQUES REPÈRES EN BIO :
- Rendement : 5,4 t de paille (1,1 t de fibres longues - 1,2 t d’étoupes)
- Interventions mécaniques :
- Herse étrille : intervention entre les stades 3 et 10 cm du lin
- Houe rotative : comme la herse étrille mais risque d’arrachement des jeunes plants important
- Bineuse : 7 à 25 cm – écartements variables
- Roto étrille : à tester ?
La réussite de cette culture se gère avant tout par la rotation qui agit sur la structure et la fertilité du sol, ainsi que l’enherbement (cultures nettoyantes, éviter les crucifères). En complément, les liniculteurs réalisent des faux semis et peuvent intervenir avec des outils de désherbage mécanique : en plein ou biné (de 0 à 4 passages). Pour limiter la verse, attention à la place dans la rotation et à réduire la densité de semis si le reliquat est élevé.
Pour avancer sur cette thématique, Bio en Hauts-de-France et LCBIO prévoient :
- de suivre des parcelles en région
- d’organiser des démonstrations de désherbage mécanique
- de créer un groupe d’échange (What’s App) ouvert aux liniculteurs/trices, technicien.nes, instituts.
Si vous voulez en faire partie, contactez-nous :
- Pauline Laurent (LCBIO) : 06 17 97 77 90
- Hélène Plumart : 07 87 32 26 10 - h.plumart@bio-hdf.fr
