Déconcentration des outils, déspécialisation des territoires et diversification des systèmes agricoles : engager la région Hauts-de-France vers une économie agricole résiliente

MESURE 9 : Lancer un plan d'investissement matériel et immatériel pour la déspécialisation des territoires agricoles

Descriptif : Le modèle économique des entreprises basé sur le couple volume / prix et reposant sur la théorie des avantages comparatifs a conduit à une concentration des acteurs et à une spécialisation des territoires. En région, la concentration des acteurs agroalimentaires s'est accompagné d'une spécialisation des territoires et donc d'une simplification des systèmes agricoles. A rebours de la transition agroécologique qui passe par davantage de diversité végétale et animale dans les assolements. En AB, la demande soutenue pour des produits bio relocalisés est une opportunité pour créer de nouvelles filières territoriales à hautes valeurs ajoutées : oléoprotéagineux, légumineuses, légumes, houblon, PPAM, fruits rouges... Ce Plan d'Investissement devra soutenir l'investissement matériel (process innovants, stockage, logistique...) et immatériel (animation, appui à l'entreprenariat collectif en agriculture...) pour faire émerger de nouvelles filières longues de territoires.
Un projet de transition : La crise du Covid19 révèle la fragilité de chaines de valeurs disséminées. La relocalisation ne passe pas uniquement par la promotion des circuits courts de proximité mais par une stratégie cohérente de déspécialisation articulée entre l’échelle régionale et intercommunale.
Impact emplois : En démultipliant dans les territoires la création de petites unités de transformations polyvalentes et agiles, tout en favorisant un maximum de diversité végétale et animale, nous créerons près de 600 emplois locaux : logisticiens, ouvriers polyvalents, planificateurs, transformateurs…
Bio en Hauts-de-France en action : Depuis 2016, Bio en Hauts-de-France travaille à la mise en place de microsucreries polyvalentes dont le but est à la fois, de recréer une valorisation artisanale des betteraves sucrières, tout en y adossant une multifonctionnalité d’usages pour pouvoir y transformer, aux coté des betteraves, la diversité des assolements bio présents à l’échelle des territoires. Bio en Hauts-de-France coordonne d’autres projets de filières visant à réduire la spécialisation des territoires : FARINNOV pour la féverole à destination de l’alimentation humaine, PROTEOLUZ pour créer de nouveaux débouchés pour la luzerne…

MESURE 10 : Organiser une prospective sur l'élevage de demain en Hauts-de-France en intégrant les évolutions sociétales, économiques, agronomiques et climatiques

Descriptif : L'agriculture régionale doit répondre à des injonctions contradictoires : diminution de la consommation de produits d'origine animaux chez les consommateurs et nécessité de préserver les prairies pour les nombreux services qu'elles rendent. Cette prospective doit nous permettre de sortir des dualités actuelles entre les PCAET qui préconisent parfois une diminution de l'élevage, et les programmes de maintien des prairies qui sont tributaires de la préservation d'élevages durables, résilients et rentables.
Un projet de transition : Cette prospective permettra d’inventer l’élevage de demain dans le contexte du changement climatique et de la nécessaire diminution des gaz à effet de serre.
Impact emplois : En démultipliant dans les territoires la création de petites unités de transformations polyvalentes et agiles, tout en favorisant un maximum de diversité végétale et animale, nous créerons près de 600 emplois locaux : logisticiens, ouvriers polyvalents, planificateurs, transformateurs…
Bio en Hauts-de-France en action : L’outil PARCEL, dont Bio en Hauts-de-France souhaite déployer l’utilisation dès cette année, permet d’aborder la question de l’élevage en croisant consommation de produits animaux, stratégie foncière et impacts environnementaux et climatiques des systèmes alimentaires territoriaux.

MESURE 11 : Rendre éligible puis majorer les aides publiques soutenant le maintien ou la réintroduction de petits élevages extensifs dans tous les territoires

Descriptif : La spécialisation des territoires a favorisé l'émergence de territoires de productions animales d'un côté et de productions végétales de l'autre. Or, la résilience des systèmes passera par une diversité renouvelée entre la plante et l'animal. Pour faire face à cette spécialisation, il nous semble impératif de (re)mailler toute la région de petits élevages extensifs favorisant la fertilité des sols et répondant aux enjeux de préservation de la biodiversité et aux enjeux climatiques. Nous proposons de majorer le soutien public dans l'achat de petit matériel et investissement visant à réintroduire ces petits élevages extensifs (quad, barrière, clôture, bergers itinérants...). A l'inverse, nous proposons de plafonner voire minorer le niveau d'aide aux investissements dans des bâtiments d'élevage supérieurs à un certain montant. Des seuils maximums souhaitables seront raisonnés pour chaque espèce.
Un projet de transition : cette action permettra d’orienter l’activité d’élevage avec les exigences environnementales et climatiques de demain tout en développant à l’échelle des territoires, les ressources en matières organiques nécessaires aux productions végétales
Impact emplois : En démultipliant dans les territoires la création de petites unités de transformations polyvalentes et agiles, tout en favorisant un maximum de diversité végétale et animale, nous créerons près de 600 emplois locaux : logisticiens, ouvriers polyvalents, planificateurs, transformateurs…
Bio en Hauts-de-France en action : Bio en Hauts-de-France a publié en 2020 un recueil « réintroduction d’élevage : 20 producteurs témoignent ». La dynamique de réintroduction d‘élevage est lancée. Les producteurs qui témoignent dans ce guide sont de plus en plus sollicités par leurs pairs, intéressés par ces innovations. Il reste à promouvoir et encourager ces bonnes pratiques pour qu’elles émergent partout en région.

MESURE 12 : Expérimenter des contrats d'autonomie territoriales pour recréer dans les territoires une solidarité entre filières animales et végétales

Descriptif : Pour enrayer les travers de la spécialisation territoriale et développer des pratiques agroécologiques, il nous faut recréer des coopérations entre polyculteurs et éleveurs. Des initiatives existent notamment en AB : des polycuteurs intègrent de la luzerne dans leurs rotations pour sécuriser le système fourrager d'éleveurs voisins. Des éleveurs contractualisent avec des polyculteurs pour y valoriser leurs effluents. Nous souhaitons développer ces bonnes pratiques en favorisant les relations. Pour aller plus loin, nous proposons d'expérimenter des contrats d'autonomie territoriale bipartites ou quadripartites entre polyculteurs, collecteurs, FAB, éleveurs. Ces initiatives auraient par ailleurs l'intérêt de limiter notre dépendance aux importations de matières premières riches en protéines et assurer notre souveraineté protéique.
Un projet de transition : ce projet propose de structurer de nouvelles solidarités territoriales et de reterritorialiser l’approvisionnement des fermes en ressources, 2 moteurs de la transition.
Impact emplois : En démultipliant dans les territoires la création de petites unités de transformations polyvalentes et agiles, tout en favorisant un maximum de diversité végétale et animale, nous créerons près de 600 emplois locaux : logisticiens, ouvriers polyvalents, planificateurs, transformateurs…
Bio en Hauts-de-France en action : à l’échelle régionale, Bio en Hauts-de-France facilite d’ores et déjà les échanges entre polyculteurs et éleveurs via la promotion et l’animation de l’outil agribiolien (https://www.agribiolien.fr/). Par ailleurs, nous réalisons des diagnostics de conversion croisés et simultanés à l’échelle locale en mettant en relation et en accompagnant des producteurs aux systèmes complémentaires (éleveur et polyculteur)

MESURE 13 : Rendre incitatif le développement de contrats de filières territoriaux garant d'une valorisation équitable de la diversité des assolements

Descriptif : Promouvoir un maximum de diversité animale et végétale dans les assolements des producteurs de la région va à rebours du modèle économique et logistique des entreprises qui cherchent à massifier et concentrer les productions dans un territoire donné afin de limiter les charges (logistique, coût de ramasse et de collecte...). Nous proposons d'expérimenter des contrats de filières territoriaux réunissant un pool d'opérateurs économiques s'engageant à valoriser ensemble et de manière équitable, la diversité des assolements qui fait la résilience et la rentabilité des systèmes agricoles : légumes de plein champ, protéagineux, oléagineux, légumineuses, céréales à destination de l'alimentation humaine et animale... Un système d'incitation serait construit avec les acteurs publics et économiques pour promouvoir ces bonnes pratiques de filières
Un projet de transition : via ces contrats, il s’agit de rendre compatibles performances économiques, environnementales et sociales des filières en trouvant un modèle économique équilibré.
Impact emplois : En démultipliant dans les territoires la création de petites unités de transformations polyvalentes et agiles, tout en favorisant un maximum de diversité végétale et animale, nous créerons près de 600 emplois locaux : logisticiens, ouvriers polyvalents, planificateurs, transformateurs…
Bio en Hauts-de-France en action : Bio en Hauts-de-France réalise des diagnostics de bassin de production auprès de collecteurs de la région (coopératives, laiteries…). Par ailleurs, nous conseillons plus de 30 opérateurs économiques par an dans leurs stratégies de relocalisation des approvisionnements. Ces contrats de filières, expérimentés en 2016 à l’échelle de la région par Bio en Hauts-de-France, pourraient être déclinés à l’échelle des territoires, en lien avec la diversité des assolements présents