[PORTRAIT] Elise Canion, maraichère à Marcq-en-Barœul (59)

Cela faisait 10 ans qu’Elise travaillait dans le maraîchage biologique, après un BPREA obtenu en 2014. Elle a commencé en tant qu’ouvrière agricole, avant d’évoluer vers des postes à responsabilités. Elle a notamment endossé le rôle de cheffe de cultures au sein de la ferme associative « Weppes en bio », dont l’optique était de former des jeunes diplômés à l’agriculture bio afin de pouvoir voler de leurs propres ailes par la suite. « Une expérience utile qui m’a permis de me frotter à la réalité, tout ayant la sécurité financière et matérielle. »

Officiellement installée depuis 1 an, ses débuts en couveuse avec À petits pas lui ont permis de lancer l’activité et de tester ses débouchés. « Tout était à créer, la couveuse m’a permis d’appréhender le terrain plus sereinement, sans le stress des banques, des cotisations… » 6 mois ont suffi pour tester le terrain. Le démarrage se déroule avec la bienveillance du cédant, l’oncle de son compagnon. Sur place, elle dispose d’un local et de matériels mis à sa disposition. « Cette opportunité de reprise tombait à pic, j’en avais marre d’être ouvrière agricole. »

Elise n’est pas du tout issue d’une culture de l’entreprenariat. Son truc, c’est être au contact du dehors, de la nature. « Adolescente, je voulais devenir paysanne, avoir ce lien à la terre. J’ai pourtant suivi un parcours tout autre. C’est une période de chômage, vers l’âge de 30 ans, qui m’a fait réfléchir et amenée vers un travail utile, en cohérence avec mes valeurs ».

Après dix ans en tant que salariée, l’entrepreneuriat a été un défi. Côté production, son expérience lui permet de poser une base solide. Le plus difficile est de se faire connaître. « Dans un projet comme celui-là, il est important de ne pas s’isoler : l’entourage et les collègues, même s’ils ne sont pas dans le même domaine, apportent des conseils utiles. Se faire aider moralement et stratégiquement est essentiel pour ne pas rester sur place. »

Le processus de commercialisation a été progressif : Elise souhaite dès le départ faire de la vente directe et opte pour la vente de paniers sur commande, qu’elle livre sur divers points en métropole. En 2ème année de conversion, elle vend désormais en Biocoop. Elle vend depuis peu en AMAP, un système qui lui convient parfaitement car il simplifie la commercialisation et la planification. « La commercialisation demande énormément de travail. Mon conseil : commencer avec une petite production pour dégager du temps à consacrer à la communication et à la stratégie commerciale. Il est préférable de ne pas trop investir en production au début pour éviter d’être submergé. »

Sur sa parcelle, elle priorise la vie du sol et voudrait ne plus labourer. Pour cela, elle utilise des engrais verts, s’investit dans l’auto-construction de planches permanentes… Elle dédie aussi des zones à la biodiversité avec des haies, un petit boisement, la création prochaine d’une mare… « Ce terrain est une opportunité pour faire ma part dans ce monde abîmé. La biodiversité apporte à la production et ça m’enchante de voir des oiseaux, des insectes. » Pour optimiser son fonctionnement global, elle prévoit d’investir dans des containers, dans une chambre froide et un petit atelier.

Elise bénéficie du tutorat d’Agnès Kindt, maraichère bio à Houplines, avec qui elle peut faire des points techniques dans le cadre du dispositif « Maitrise des pratiques », mis en place par la FNAB. « Je suis contente de pouvoir discuter avec quelqu’un qui a 10 ans d’expérience. Son modèle est une référence pour moi. Elle me transmet des éléments techniques mais aussi sur l’organisation du travail. Ce lien avec Agnès me permet aussi de visualiser la sérénité d’un système et d’avoir une projection rassurante de mon travail. »

Le dispositif « Maîtrise des pratiques », animé par Bio en Hauts-de-France, apporte du soutien dans un cadre défini. Il permet aux nouveaux et nouvelles installé·es de bénéficier de l’expérience d’agriculteur·ices expérimentés : modèle économique, techniques agricoles, développer un réseau… Ce programme permet de brosser un large spectre de sujets, et bénéficie également aux tuteurs et tutrices, qui y voient l’occasion de repenser leur façon d’aborder certaines pratiques.

Pour en savoir plus sur le dispositif « Maîtrise des pratiques », cliquez ICI ou rapprochez-vous de Raphaëlle Delporte : r.delporte@bio-hdf.fr.

Fermoscopie :

  • 2023 : installation
  • 2025 : 100% bio en juin 2025 (conversion en cours)
  • PRODUCTION : maraichage diversifié – légumes de saison
  • SURFACE : 2 ha dont 6000m² de plein champ et 1000m² de serres, 1,5 ha de luzerne (échange avec éleveur local)
  • VENTE : en direct, en AMAP, en Biocoop
  • EMPLOI : 1 ETP (Elise)