Maintien des terres bio en bio : quels « outils » ?

En dépit d’une forte progression ces 10 dernières années en Hauts-de-France, l’agriculture bio connait depuis maintenant deux ans une crise importante. Après deux années sans infléchissement, les surfaces en bio régionales accusent une perte de 3500 hectares en 2023. Face à ce recul, de plus en plus d’agriculteurs se questionnent sur les mesures qui pourraient les aider à maintenir leurs terres bio en bio, notamment dans le cadre de leur transmission.

Marie Vançon, doctorante, a mené une étude sociologique dans le cadre d’un stage co-porté par Agrobio 35 et le CIVAM 35 IT, qui met en évidence les freins et leviers au maintien des terres bio en bio au moment de l’arrêt d’activité des agriculteurs. Les résultats de cette étude mettent notamment en évidence des déterminants structurels
incontournables (qui rejoignent la notion globale de transmissibilité des fermes) :

  • Un coût de reprise de la ferme soutenable, notamment pour les systèmes herbagés.
  • Un temps de travail maitrisé. Elément moins prégnant sur les fermes en vente directe.
  • Une rentabilité économique effective, avec une bonne maitrise des charges.
  • Un parcellaire le plus possible groupé autour des bâtiments, surtout pour les systèmes herbagés.
  • Une maitrise partielle du foncier. Avec, sur les parcelles en propriété, des outils à activer pour le maintien des terres bio en bio.

Zoom sur deux dispositifs : BRE et ORA

Terre de liens Hauts-de-France propose un comparatif entre le Bail Rural Environnemental (BRE) et l’Obligation Réelle Environnementale (ORE), deux dispositifs qui permettent aux propriétaires d’orienter les pratiques agricoles sur une terre :

LA PAROLE À : JEAN-LUC VILLAIN, AGRICULTEUR BIO (À LA RETRAITE) À ARCHON DANS L’AISNE

Jean-Luc est aujourd’hui à la retraite. Il était en GAEC. Son gendre a rejoint le GAEC. Puis Jean-Luc a transmis ses parts, l’année dernière. Dans le cadre de cette transmission, et pour les terres dont il est propriétaire, il s’est interrogé sur la manière dont la notion d’agriculture biologique pouvait imprégner le système de production par-delà sa propre activité.

Il y a un an lorsque vous nous avez sollicités, vous cherchiez des solutions pour ancrer la bio de façon pérenne sur votre ferme, et au-delà de votre propre activité. Qu’avez-vous mis en place et pour quelles raisons ?

« Comme il s’agissait d’une transmission et qu’il fallait trouver un contrat me liant, moi propriétaire et mon gendre, le futur locataire, le choix s’est porté sur un BRE. Le BRE a apporté un cadre rassurant pour tous et assez souple puisqu’on pouvait y insérer les clauses que nous souhaitions (AB, interdiction de labourer pour certaines terres…). Ce choix a permis d’échanger en famille et a été validé collectivement. Il représente une forme de continuité de ce que j’ai toujours défendu et cela me permet de continuer à être acteur sans pour autant être intrusif dans la suite de l’activité de mon gendre. »

Qu’aurait pu vous apporter le dispositif ORE ?

« Le travail de dialogue avec un tiers (qui aurait été le Conservatoire d’Espaces Naturels) aurait pu être très enrichissant. L’année dernière, nous devions avancer rapidement et le dispositif ORE semblait assez lourd à mettre en place. Il y a aussi peu de retour d’expérience sur le sujet. Mais aujourd’hui, je ne ferme pas la porte à une suite sur ces ORE. »

Une dernière information qu’il serait utile de transmettre ?

« L’environnement sera le complice demain de nos résultats économiques, et s’y engager dès maintenant sera gage de réussite ! »