[PORTRAIT] Mathieu Devienne, polyculteur-éleveur à Gouy-l’Hôpital (80)

[PORTRAIT] Mathieu Devienne, polyculteur-éleveur à Gouy-l’Hôpital (80)

Installé depuis décembre 2011 sur la ferme familiale de Gouy-l’Hôpital, dans le sud-ouest de la Somme, Mathieu Devienne est aujourd’hui un fervent défenseur de l’agriculture biologique et s’investit désormais aux côtés de Bio en Hauts-de-France en tant que nouvel administrateur.

Après un baccalauréat général, Mathieu a suivi un BTS en Analyse et Conduite des Systèmes d’Exploitation (ACSE), avant de se spécialiser en machinisme agricole et en technico-commercial. Il a commencé sa carrière en tant que commercial en matériel agricole avant de revenir sur la ferme familiale pour la reprendre avec son jeune frère. Ensemble, ils ont rapidement fait le choix de convertir l’exploitation au bio en mai 2012, une décision renforcée par des convictions personnelles et des événements familiaux marquants. Un an après la conversion, leur père a été diagnostiqué d’un cancer lié à l’usage de produits phytosanitaires, un choc qui a solidifié leur engagement envers une agriculture sans pesticides.

Suite au départ de son frère en 2017, Mathieu s’associe avec Simon Lenoir jusqu’en 2021. Depuis, il gère seul les 115 hectares de la ferme, où il élève un troupeau de vaches allaitantes de race Aubrac, avec pour objectif d’atteindre 50 vêlages par an. Côté cultures, il produit du blé, de l’avoine, de l’orge, du maïs, des lentilles vertes, et maintient une large surface fourragère, alliant prairies permanentes et temporaires. La commercialisation de ses produits se fait principalement via des coopératives telles que Biocer et Unebio, mais il a pour projet de développer aussi des circuits courts pour valoriser ses productions animales et végétales localement.

Face à la crise de l’agriculture biologique, Mathieu n’a pas baissé les bras. Bien au contraire, il a fait le choix stratégique de simplifier son exploitation pour se concentrer sur ce qui lui assure un revenu stable tout en étant disponible pour ses enfants. « L’élevage me permet de garantir un revenu régulier sur l’année, contrairement aux cultures, plus aléatoires« , explique-t-il. Cette réflexion l’a conduit à redevenir acteur sur les marchés locaux, notamment en fournissant de la viande bio aux collèges de la Somme, en collaboration avec un collectif de 3 éleveurs bio locaux.

L’engagement de Mathieu ne s’arrête pas à sa ferme. Devenu administrateur de Bio en Hauts-de-France, il s’est fixé pour mission de défendre l’agriculture biologique face aux défis économiques actuels et de promouvoir la cohésion entre les différentes filières. « Il est essentiel de ne pas rester simple spectateur et de s’impliquer pour que les choses bougent », nous dit-il. Pour Mathieu, le bio n’est pas seulement un label, mais une démarche vers un avenir plus durable pour l’agriculture et la société.

 

Fermoscopie :

  • 2011 : installation avec son jeune frère en GAEC
  • 2012 : conversion au bio
    2017 :
    arrêt de l’agriculture pour son frère et association
    avec Simon Lenoir jusqu’en 2021
  • EMPLOI : 1 et 1 apprenti
  • PRODUCTION : blé, avoine, orge, mais, lentille verte et surface
    fourragère
  • SURFACE : 115 ha