Réussir mon colza biologique en Hauts-de-France

Le colza d’hiver est une culture qui reste peu présente dans les assolements en agriculture biologique car réputée difficile. A l’échelle nationale, cette culture représente près de 3600 hectares en 2019, dont moins d’une centaine en région Hauts-de-France. Cependant, elle bénéficie de solides atouts agronomiques et d’une forte demande, notamment pour une valorisation de son huile en alimentation humaine mais aussi de son tourteau en alimentation animale.

Biocer et Bio en Hauts-de-France travaillent en partenariat sur ce projet qui repose sur 3 axes :

  • expérimentation,
  • structuration de la filière,
  • communication – valorisation des résultats obtenus.

Les clés de réussite de la culture

Assurer une bonne disponibilité en azote

  • Implanter le colza avec un précédent ou antéprécédent prairie temporaire
  • Sinon, réaliser un apport de produits organiques à minéralisation rapide (fientes, lisier etc.) avant semis

Semer tôt, entre le 15/08 et le 25/08

  • Pour maximiser la croissance et la concurrence vis-à-vis des adventices !

Soigner la préparation du sol

  • Culture à racine pivotante = travail du sol sur 15 cm
  • Culture à petite graine = lit de semence affiné

Choisir la bonne variété

  • En mélange avec 10% d’ES Alicia
  • Une hybride (autorisé en bio !), tolérante au phoma et peu sensible à l’élongation

Quelques couverts pouvant être associés avec le colza

Sources issues du travail collaboratif : Terre Inovia, Natup, Ceresia, Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, Biocer, Bio en Hauts-de-France

Lettre technique dédiée à la culture du colza

La culture du colza est réputée comme étant techniquement difficile en agriculture biologique. Toutefois, certains producteurs réussissent régulièrement à obtenir des résultats satisfaisants, en veillant à actionner toutes les clés de réussite mentionnées dans cette lettre de synthèse. Les parcelles situées dans une région où il y a peu de colza conventionnel ont un avantage par rapport à la problématiques insectes.
– Lettre technique rédigée par les techniciens de Biocer

Réussir son colza bio : retours d’expérience en vidéo

Témoignages d’opérateurs régionaux :

BIOCER : une coopérative 100 % bio en recherche de colza

La coopérative BIOCER s’investit depuis 30 ans en agriculture biologique en France. Elle regroupe plus de 250 agriculteurs du nord-ouest de la France. Commercialisation (notamment pour le colza) assurée par l’union de commercialisation « Fermes Bio » qui regroupe 3 coopératives historiques 100% bio du nord de la France (Biocer, Cocebi et Probiolor). Biocer réunit dans sa démarche de développement agriculteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs afin de contribuer au développement d’une filière agrobiologique française locale et durable.

Que représente la collecte de colza bio au sein de la coopérative ?

Selon Yannick Cosperec, technicien au sein de la coopérative, le colza représente encore « un marché de niche ». En 2020, Biocer avec les 2 autres coopératives regroupées au sein de Fermes Bio ont collecté 150 T de colza en 2020, soit 30% de plus que l’année précédente. Donc même si les volumes collectées représentent peu (0,4% de l’ensemble de la collecte de la coopérative Biocer), les volumes collectées sont en progression. Il n’en demeure pas moins que ces volumes sont insuffisants au regard de la demande actuelle.

Quel est l’état du marché ?

C’est le cas par exemple auprès de Biocoop avec qui « Fermes Bio » est en contrat pluriannuel pour près de 200 T, soit 50 T de plus que ce qui est collecté aujourd’hui. D’autres acheteurs sont aussi en demande, tels que Bioplanet pour près de 400 à 500 T / an et divers huiliers pour 200 à 300 T / an. Au total, la production collectée aujourd’hui ne couvre que 10 à 15% des besoins annuels. Les 850 T de colza manquant sont substitués aujourd’hui par du tournesol linoléique ou par la production issue de producteurs indépendants notamment en Bretagne et Lorraine (où la production de colza conventionnelle est peu présente donc le colza bio est moins soumis aux attaques de ravageurs et maladies) et enfin par l’importation provenant de Pologne et de Roumanie.

Quel est le prix du colza bio valorisé auprès du producteur ?

Actuellement le colza bio est valorisé autour de 800 € / T. Ce prix semble aujourd’hui plafonné en raison notamment de la concurrence de l’huile de colza avec celle du tournesol.

NOVIAL

Novial est un acteur régional dans le développement des filières animales locales et propose une large gamme d’aliments complets pour diverses espèces animales (bovins, ovins, poules, lapins, porcs, basse-cour…). A ce jour, Novial produit 335 000 T d’aliments dont 37 000 T d’aliments bio uniquement sur le site du Plessier-sur-Saint-Just dans l’Oise.

Composition d’un aliment pour la volaille

  • Energie : céréales (maïs, blé, triticale, orge, avoine)
  • Protéine : tourteau soja, tournesol, colza à 2% complété par le gluten de maïs en conventionnel (5%) jusque fin 2021, la règlementation évoluant en faveur d’un aliment 100% bio au 1er janvier 2022
  • Minéraux : carbonate de calcium + vitamines, oligo-éléments

L’intérêt du colza bio dans l’alimentation animale

Le tourteau de colza est une matière première utilisée pour valoriser les protéines locales et pour sa teneur en acides aminés. Novial est très attaché à toujours valoriser le local en priorité. Il est utilisé en majorité dans la préparation des aliments pour les ruminants (30/40% de la composition), et en faible proportion pour les aliments de la volaille (2%).

L’achat du tourteau

Cela fait 4 ans que Novial incorpore le tourteau de colza bio. Novial n’achète que du tourteau en granulés. L’achat se réalise auprès d’Oriacoop à raison de 250 T de tourteau colza bio/an, représentant environ 120 à 150 ha de colza. L’achat est aussi fonction de son coût et de sa cotation au regard des autres tourteaux (soja/tournesol). Le prix d’achat pour Novial se situe dans une fourchette entre 620-660 euros/Tonne.

Novial souhaite privilégier les produits disponibles localement sur le site du Plessier-sur-Saint-Just, le tourteau de colza bio sera donc toujours imposé.

Les contraintes :

Comme ce sont des produits riches en matières grasses, ils ne se conservent pas longtemps et risquent vite de s’oxyder. Il y a donc peu de stockage sur place et une livraison tous les 2 mois d’un camion. L’aliment est vendu dans toute la France.

Perspectives pour le développement de cette culture en région

Novial accroît régulièrement la quantité d’aliment bio produit par an et prévoit ainsi une hausse de plus de 10% de sa production en 2021 pour atteindre 40 000 T.

Richard Vilbert : le colza et sa transformation à la ferme

Avant la conversion de son exploitation en bio en 2010, Richard Vilbert cultivait déjà du colza sans insecticides et pressait l’huile pour l’utilisation dans les moteurs de ses tracteurs. C’est donc tout naturellement, qu’une fois en bio, il s’est orienté vers la trituration du colza pour en faire de l’huile alimentaire. Il a fallu alors trouver les débouchés : Richard s’est rendu dans les magasins bio du secteur avec sa bouteille d’huile de colza, ornée d’une belle étiquette conçue par sa fille. Aujourd’hui, il vend toute son huile en vente directe et est très satisfait de ce mode de commercialisation.

La vente directe

Cet atelier représente environ 20% du chiffre d’affaires de l’exploitation.

Produits vendus : l’huile de colza de première pression à froid et le tourteau qui est vendu aux éleveurs

Toutes les graines récoltées sont transformées, seule une partie est gardée en stock pour le semis de l’année suivante. Richard apprécie particulièrement la vente directe car il peut maîtriser son produit jusqu’au bout. Il s’est organisé pour trouver les débouchés et assurer les livraisons. Il ne faut cependant pas oublier la partie logistique qui prend beaucoup de temps. Richard a embauché un salarié qui contribue au développement de cet atelier.

Répartition du chiffre d’affaires de vente de l’huile de colza en fonction des débouchés :

  • 70% magasins bio
  • 10% Norabio
  • 10% Restauration collective
  • 9% Savonneries
  • 1% Vente à la ferme

Tout le tourteau est vendu en direct à destination de l’alimentation animale à 2 ou 3 éleveurs de bovins et caprins bio.

Propriétés des produits :

Omégas 3 + protéines pour le tourteau.

Perspectives de développement :

Richard qui a cultivé le chanvre cette année, se lance également dans l’huile de chanvre, en plus du lin et du colza.

CONTACTS

  • Antoine Stoffel : conseiller animateur grandes cultures versant sud 07 87 32 40 85 / a.stoffel@bio-hdf.fr
  • Hélène Plumart : conseillère animatrice grandes cultures versant nord 07 87 32 26 10 / h.plumart@bio-hdf.fr
  • Yannick Cosperec : conseiller technique Biocer 06 30 13 96 16 / ycosperec@biocer.fr