MOBILISER LE FONCIER POUR PROTÉGER LA RESSOURCE EN EAU

Le champ captant de Wingles recèle une importance capitale dans la politique en approvisionnement en eau potable de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin (CALL) : le site représente en effet 20 % des besoins en eau du territoire et en est ainsi la première source d’eau potable.  La solution de l’agriculture biologique, reconnue comme outil efficace et économe pour protéger la qualité de l’eau, a été retenue : un projet accompagné par Bio en Hauts-de-France.

Afin de protéger cette ressource, la collectivité a décidé en 2018 de se rendre propriétaire de 11 ha de terrain avec pour objectif qu’ils soient cultivés en AB. Pour mener à bien ce projet, la CALL a fait appel à Bio en Hauts-de-France dès le départ pour son rôle de conseil. Un accompagnement par étapes  mobilisant plusieurs outils a alors été proposé pour répondre aux besoins de la collectivité.

1. Réalisation d’un diagnostic parcellaire

Dans un premier temps, il a fallu révéler les atouts et les inconvénients de la zone en termes de faisabilités techniques de productions, et ainsi pouvoir conseiller la collectivité sur l’orientation du projet. Grâce à l’outil SolBio, diagnostic parcellaire adapté à l’AB, il a été possible de caractériser ce foncier agricole  : sur la base de ses caractéristiques agronomiques, le projet s’est orienté vers un scénario proposant à la fois une confortation-conversion de producteurs locaux et un projet d’installation en maraîchage bio diversifié. Ce dernier a été confié à notre partenaire Terre de Liens.

2. Rédaction d’un Appel à Candidature (AAC)

Nous avons alors détaillé un projet de mise à disposition des terres à des agriculteurs souhaitant tester le mode de production bio en polycultures, tout en confortant leur foncier initial. Pour cela, la rédaction d’un AAC a été proposée, permettant d’affiner d’autant plus le projet, de déterminer des critères de sélection et de communiquer auprès des agriculteurs du territoire. Cet AAC a été diffusé dans nos réseaux, ainsi que dans la presse agricole.

3. Mise en place d’un jury de sélection et d’une grille d’analyse

Accueillant positivement l’initiative de la CALL, 5 agriculteurs ont postulé pour se tester à l’AB sur ces terres. Un jury de sélection a été mis en place par la collectivité pour auditionner ces producteurs. Afin de choisir les candidats de manière objective, une grille d’analyse a été établie, basée sur plusieurs critères de sélection (s’engager à certifier les terrains en AB, proposer une rotation cohérente, apporter des éléments sérieux sur les circuits de distribution envisagés, le matériel utilisé, exposer les possibilités de conversion de la ferme en AB, …).

« Bio en Hauts-de-France a apporté un regard extérieur avec des éléments techniques orientant le projet vers de la confortation et de la conversion AB. Orientation qui n’était initialement pas privilégiée mais l’expertise objective et neutre de Bio en Hauts-de-France a changé la donne et permis de choisir les projets les plus pérennes. » précise Damien Duquenne, Chargé de mission ORQUE – eau potable de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin.

Deux producteurs conventionnels ont été retenus, l’un en grandes cultures, l’autre en polyculture-élevage. Le partage du foncier s’est effectué dans le but d’être le plus cohérent possible avec leur projet.

4. Accompagnement au passage en bio des producteurs

Bio en Hauts-de-France a joué ici un rôle de facilitateur entre la collectivité et les agriculteurs intéressés par la démarche et qui se sont engagés dans une réflexion en faveur de l’AB. Comme nous le précise M. Dedourge, l’un des deux producteurs retenus : « Je me suis installé en 2012, j’ai quelques grandes cultures, notamment pommes de terre, et un élevage laitier. J’avais déjà réfléchi au bio, je m’étais renseigné sur les techniques, mais ce projet a vraiment été un élément déclencheur car il me permet d’atteindre l’autonomie fourragère pour mon élevage et du coup de pouvoir passer petit à petit en Bio toute la ferme. Sans cela, j’aurais dû attendre de pouvoir racheter du foncier sur le secteur, et au prix actuel ce n’est vraiment pas possible. »

Pour mener à bien cette réflexion, Bio en Hauts-de-France a proposé à la collectivité de mettre en place un accompagnement sur mesure auprès des agriculteurs retenus et de créer les conditions favorables à une dynamique collective en faveur de l’AB sur le territoire (réunions, visites de fermes, tours de plaine...).

Ce projet révèle qu’il existe des marges de manœuvres significatives localement, ici via le foncier, pour encourager la transition agricole. La satisfaction supplémentaire de Bio en Hauts-de-France dans le cas présent, est de voir conforter une activité d’élevage par une plus grande autonomie et la conversion de l’élevage laitier.

POUR EN SAVOIR PLUS

  • Martin Jansens : 07 87 32 31 79 m.jansens@bio-hdf.fr