ABC : les expérimentations du québécois Sébastien Angers

Dans le cadre du projet ABAC1, Bio en Hauts-de-France a invité Sébastien Angers, agriculteur québécois, pour une présentation de son parcours entre techniques, filières, expérimentations et réflexions sur l'agriculture plus globalement. C'est en toute sincérité qu'il s'est prêté à l'exercice. Retour sur ses expérimentations de cultures en corridor solaire, de courge sur mulch et de diversité végétale .

Corridor solaire

Corridor

Le principe du corridor est testé sur la culture du maïs : il s'agit de doubler l'écartement de manière à permettre la culture de plantes de service en inter-rangs. C'est une manière de sécuriser l'implantation du couvert et le développement de la culture. On assure ainsi une couverture intégrale du sol et la culture bénéficie d'un ensoleillement optimal qui lui permet de maintenir 80% de son rendement.

Le maïs est implanté en simple ou double rang tous les 1m50 à 65000 pieds hectare. Le couvert, à base de seigle-vesce-luzerne-moutarde-trèfle, est géré avec un rouleau Orbis. Pour cette expérimentation, tout le matériel est testé à petite échelle. L'idée étant de valider d'abord l'itinéraire technique en s’affranchissant des autres contraintes. Une fois calé, la réflexion sur le matériel à l'échelle d'un système agricole pourra être abordée.

Courge sur seigle couché

Le seigle est implanté à l'automne, il passe correctement l'hiver au Québec sous une épaisse couche de neige. À montaison, en mai, il est couché et les courges graines son semées en direct. Le principe est simple, la réalité pas tout à fait… La réussite dépend beaucoup de celle du couvert : il doit assurer un mulch suffisamment dense pour que les adventices ne traversent pas et qu'il n'y ait pas de lumière au sol leur permettant de lever. Une faim d'azote peut aussi arriver s'il se décompose trop vite.

La diversité des plantes et une matrice pour les mettre en rotation

Inspiré par ses collègues des États-Unis, il adopte le concept de biodiversité. La classification de Stebbing peut être une clé de lecture de la flore présente sur une parcelle : les plantes spontanées viendraient compenser la diversité manquante de celles cultivées. L'idée serait donc de cultiver les familles des plantes spontanées de façon à ce que les services soient rendus au système sans avoir l'inconvénient de gérer des adventices. L'idéal serait d'introduire 27 plantes sur une rotation de 7 ans.

Pour mettre en rotation cette biodiversité, il applique une première version d’une matrice d'aide à la décision. On y trouve 2 grandes catégories de plantes : les monocotylédones et dicotylédones elles-mêmes divisées en 2, celles d'hiver et de printemps. Au milieu se trouvent des plantes à cycle intermédiaire ou qui permettent la transition (T), par leur fonction, d'un cadre à un autre. La lecture du tableau se fait en diagonale. Par exemple, pour l'implantation d'un maïs, un précédent dicotylédone d'hiver est préférable : cela peut être une légumineuse qui amènera, de surcroit, l'azote ; ou pour un soja, un précédent céréale optimisera son potentiel.

En région, plusieurs producteurs testent l’implantation de courges sur un mulch de céréales : les résultats sont à venir. Concernant les corridors, plusieurs démonstrations ont été réalisées dans le cadre du projet ABAC ; Bio en Hauts-de-France envisage d’étendre ce travail à d’autres espèces.

1Le projet ABAC (Agriculture Biologique Agriculture de Conservation) est coordonné par trois structures partenaires : l’APAD 62, FREDON Hauts-de-France et Bio en Hauts-de-France.

CONTACTS

  • Noëlie Delattre
  • 07 87 86 93 03
  • n.delattre@bio-hdf.fr

  • Alain Delebecq
  • 07 87 32 05 88
  • a.delebecq@bio-hdf.fr