[PORTRAIT] François Dumont, polyculteur-éleveur à Isques (62)

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François Dumont s’est installé en tant qu’éleveur laitier conventionnel en 1994, à Isques, dans le Pas-de-Calais. A l’époque, il comptabilise 50 hectares et produit dans ses premières années 250 000 litres en vaches Prim’Holstein. En 2004, sa ferme s’agrandit, car il acquiert 20 hectares à 12 km, pour une production de 400 000 litres.

" En 2012, j’ai décidé d’effectuer un changement de race bovine et me tourner vers la Jersiaise, dans le but de commencer à utiliser mes hectares en pâturage et ainsi de réduire ma consommation de maïs. En 2014 et 2015, suite à ma volonté d’être un maximum autonome sur ma ferme, j’ai mis en place le pâturage tournant dynamique."

Afin de s’assurer de la qualité de son herbe, il n’hésite pas à aller la mesurer. C’est à la suite de ce constat, qu’en 2016, il arrête totalement le maïs et entreprend sa conversion vers le bio, sans objectif de production. Aujourd’hui, il a un troupeau de 55 vaches laitières, Holstein (30%) et croisement Jersiaise (70%). Ses vaches sont donc à l’herbe de février à novembre et son vêlage est groupé en mars. Pour valoriser ses quelques mâles, il les engraisse à l’herbe. Désormais, il produit 260 000 litres à l’année. « Au départ, on visait l’autonomie et on s’est rendu compte qu’en passant en bio, on devenait décisionnaire. Je suis aujourd’hui en phase avec ma manière de produire, je ne cesse d’apprendre de nouvelles choses : c’est grisant ! »

Ses charges ayant drastiquement diminué, son revenu n’a pas baissé et sa qualité de vie au travail a même augmenté. Qualité de vie, rémunération... Il cherche aussi à démontrer la pertinence de son système d’un point de vue climatique. « J’ai récemment réalisé un bilan carbone sur ma ferme car je voulais montrer que, même en élevage laitier, on pouvait être performant d’un point de vue climatique. Notamment sur des systèmes comme le mien où en maximisant la prairie on stocke du carbone».

Il conclut : « Mon constat aujourd’hui, c’est d’avoir gagné en sérénité : je ne reviendrai d’aucune manière en arrière». Pour faire découvrir son métier et démontrer la pertinence de l’élevage bio comme facteur clé de la transition écologique, dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis de l’élevage, François fait partie d’un petit groupe d’éleveurs du Pas-de-Calais engagé et motivé pour organiser le prochain événement Terr’eau Bio qui aura lieu à Bellebrune (62), en juin 2022 : bocage, climat, biodiversité, qualité de vie, ressource en eau, économie, alimentation durable...

Faisons la démonstration que la bio apporte de multiples réponses aux préoccupations de nos territoires !

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SOL BIO CLIMAT - QUAND LES BIO SAUVENT (ENCORE PLUS) LE CLIMAT

Lors du webinaire « Sol – Bio – Climat » du 17 septembre 2021, 6 céréaliers du réseau FNAB ayant participé à ce projet éponyme ont offert un large panorama de ce qu’il est possible de faire afin de stocker du carbone dans les sols : agroforesterie, plantation de haies, couverts végétaux, arrêt du brûlage des bois, introduction de prairies temporaires, nouveaux apports organiques,… En Hauts-de-France, Corentin Masson a mesuré les effets d’un apport supplémentaire de compost. Le stockage de carbone par les plantes vivantes, notamment par la mise en place de couverts alliés aux bons rendements des cultures est d’autant plus intéressant, car séquestre directement le carbone de l’air. Claire Chenu, spécialiste INRAe sur les matières organiques du sol, concluait son intervention par « je suis impressionnée par la diversité des pratiques mises en place » et que « l’important était d’avant tout éviter le déstockage du carbone par le retournement des prairies. La cinquantaine d’agriculteurs et conseillers présents virtuellement ont profité d’échanges riches et techniques, il ne reste plus qu’à mettre en pratique."

Contact : Marie Augagneur, conseillère-animatrice polyculture-élevage bio | 07 87 32 93 41 | m.augagneur@bio-hdf.fr